Sein, des Hommes et des Pêches

  • 12 octobre 2018
Écrit par: Romuald Garnier • Photographies: Romuald Garnier

Située à environ 7 kilomètres à l’ouest de la pointe du Raz, l’île de Sein est étendue là, comme une feuille à la dérive sur son lit de rivière. Sein s’étire délicatement sur 2 kilomètres en serpentant l’océan comme pour mieux appréhender les veines de courants.

Flirtant entre ciel et marées, elle vous rappelle constamment à sa fragilité par l’omniprésence de l’océan où que vous soyez sur l’île. Qu’elle soit apaisée dans sa robe de printemps ou engoncée par les embruns et les coups de vent d’hiver, l’île trouve son équilibre dans ce contraste rude mais au combien authentique. Sein, c’est bien évidemment des histoires de marins. Alors qu’au début du 20èmesiècle, la pêche était marquée par des campagnes au long court vers le Maroc, l’Espagne ou encore l’Angleterre, l’évolution de l’architecture navale à permis dès les années 20 de concevoir des bateaux et embarcations capables de louvoyer à proximité de Sein. L’activité était concentrée sur le homard, la langouste, le crabe, le turbot ou encore la raie et le congre. L’Abri du marin était l’école de pêche de l’île. Les jeunes, confrontés à leurs aînés, gagnèrent l’expérience nécessaire pour naviguer dans les tourments de la chaussée de sein.

Les années 30 apportèrent la motorisation des bateaux et embarcations. Celle-ci à permis à bon nombre de marins de s’affranchir des conditions de vents et pour partie, des conditions de courants même si la chaussée de sein restait, reste et restera comme l’une des zones de pêche les plus compliquées. Grâce à cette évolution technique, la remontée des casiers est facilitée mais malgré cela, c’est bien la pêche aux palangres qui se développe dans le raz de sein. Comme dans beaucoup de secteurs, la seconde guerre mondiale marque de son emprunte l’activité de la pêche. Réduite de quarante pour cent en cinq années, Sein perd 42 bateaux pour passer de 112 navires avant la guerre à 70 en 1945. La profession perd 115 marins pour compter 210 pêcheurs en activité.

Les jeunes, confrontés à leurs aînés, gagnèrent l’expérience nécessaire pour naviguer dans les tourments de la chaussée de sein.

La pêche à la coquille s’invite également dans les pratiques. En fonction de l’évolution des gisements de coquilles et des cours de son marché, les îliens transit vers la rade de Brest dans les années 50 puis au cœur de la baie de Saint-Brieuc. Certains n’hésitent pas à monter jusqu’en baie de Seine. La pêche à la voile est malmenée et son activité n’est plus rentable. Les anciens raccrochent en grand nombre. La tension sur les ressources et la croissance des armements des ports d’Audierne et de Douarnenez ne sont plus tenables pour les pêcheurs sénans. Les jeunes s’orientent malgré eux vers la marine marchande et les activités du continent pour assurer leur niveau de vie et celui de leur famille.

En 1999, seuls 17 pêcheurs étaient recensés à Sein et seulement 2 en 2013. Il est difficile de comptabiliser justement cette activité car les statistiques ne recensent que les tonnages de crustacés livrés à Sein, parfois via des marins issus d’autres ports voisins. Les marchandises sont livrées et vendues principalement à Audierne et Douarnenez. L’effondrement des stocks à beaucoup participé à l’évolution de la pratique dans le raz de sein. Les pêcheurs ont augmenté la taille de capture et ils ont pris de décisions importantes sur les périodes d’ouvertures et de fermetures de pêche. En 2007, la profession a mis en place un cantonnement de langoustes sur la chaussée de Sein et a signé un partenariat avec le parc naturel marin d’iroise, l’ifremer et le comité départemental des pêches afin de mettre en place un suivi des espèces et des pratiques.

Depuis 2013, l’île de sein a donc rejoint Molène et Ouessant dans la réservce de biosphère des îles de la mer d’Iroise. Ce label est une reconnaissance de l’Unesco afin d’aider à promouvoir un développement durable basé sur les efforts combinés des communautés locales et du monde scientifique. Actuellement, 13 réserves de ce type existent en France. Les réserves de biosphère sont des lieux choisis en vue de servir de lieux d’expérimentation de diverses approches de gestion intégrée de la biodiversité et des ressources terrestres, marines, côtières, ainsi que des ressources en eau douce. Les réserves sont aussi des sites d’expérimentation et d’apprentissage du développement durable.