Le yoga, dont nous sommes si justement curieux mais si légèrement férus, pourrait bien remonter à la civilisation de Mohenjo-Daro, au monde protodravidien. Les Aryens qui envahirent l’Inde voilà près de quatre mille ans eurent donc à compter avec ce yoga archaïque, individualiste, opposé aux principes des Veda, selon qui le salut s’obtient en accomplissant d’abord scrupuleusement tous les devoirs d’état et peut-être même d’État. Accepter le yoga, c’eût été, notamment, répudier le système des castes.
Éclairés par une substantielle introduction, qui élucide l’histoire et le contenu de la notion, les Upanishads du yoga se présentent comme des poèmes spéculatifs et didactiques rédigés en s’loka (strophes de quatre octosyllabes un peu lâches de facture). L’essentiel ici n’est pas la métrique, évidemment, mais les idées, la méthode : l’ensemble des techniques permettant de trancher les liens qui retiennent l’âme captive. Cet oiseau migrateur souffre en captivité. On suivra avec profit le cheminement qui conduit du retrait des sens à la conrtemplation, de celle-ci au recueillement parfait, avant d’atteindre à l’autonomie absolue.