Quoi qu’en disent les adeptes du développement durable, les substituts aux énergies fossiles abondantes et bon marché n’existent pas. Aucune source d’énergie alternative ne pourra offrir un rendement aussi élevé que les énergies fossiles. Puisqu’ils refusent d’intégrer cette réalité, les modèles économiques dominants ne savent pas comment appréhender l’après-pétrole, et les habitants des sociétés industrielles sont incapables de se préparer aux profondes mutations qui les attendent. Plongeant aux fondements de la pensée économique depuis Adam Smith, “La fin de l’abondance” montre que l’actuelle orthodoxie néoclassique fait fausse route en traitant la Terre et ses ressources comme des facteurs de production inépuisables, ce qu’elles ne sont pas.
Avec les énergies alternatives dites “diffuses”, l’humain pourra par exemple réchauffer l’eau du bain, mais il ne pourra faire tourner les gigantesques turbines électrogènes qu’exige notre société de transformation industrielle, de consommation, de déplacements gigantesques et d’information électronique. Au fond, écrit Greer, l’ère industrielle tout entière, fondée sur les sources d’énergies concentrées et accessibles, aura peut-être représenté la plus grande bulle spéculative de l’histoire.
Traçant du monde de demain un portrait qui évoque explicitement le tiers-monde, John Michael Greer plaide en faveur des technologies intermédiaires chères à E.F. Schumacher (“Small is Beautiful”), de changements politiques propres à adoucir la transition… et d’une bonne dose de stoïcisme.